Le redressement fiscal est une réalité à laquelle de nombreuses entreprises peuvent être confrontées, qu’elles soient TPE, PME ou même autoentrepreneur. Ce processus, enclenché à l’issue d’un contrôle fiscal, peut entraîner des conséquences financières importantes et parfois lourdes de conséquences pour les dirigeants.
Le redressement fiscal est une procédure engagée par l'administration fiscale lorsqu'elle constate des erreurs, omissions ou irrégularités dans les déclarations fiscales d'une entreprise. Elle se manifeste par l'envoi d'une proposition de rectification, document officiel qui détaille les sommes dues, les périodes concernées et les motifs du redressement.
Les entreprises sont concernées pour différents types d'impôts : impôt sur les sociétés (IS), TVA, CFE, CVAE, ou encore les contributions sociales. Les causes les plus fréquentes sont la mauvaise application des régimes fiscaux, des oublis de recettes, des charges non justifiées ou des erreurs de calcul.
La procédure vise à rectifier la situation et à recouvrer les montants non versés à tort. Elle peut être engagée à l’issue d’un contrôle fiscal, que celui-ci soit réalisé sur pièces ou sur place.
Comprendre le déroulement d’un redressement fiscal est essentiel pour réagir de manière efficace. La procédure suit une logique administrative précise comportant plusieurs étapes, avec des délais impartis et des obligations réciproques entre l’administration et l’entreprise.
Le contrôle peut être opéré sur pièces (depuis les bureaux de l'administration) ou sur place (au sein de l'entreprise). Lors d'un contrôle sur place, l'administration exige la remise du FEC (Fichier des écritures comptables), document obligatoire pour toute entreprise tenant une comptabilité informatisée.
Le contrôleur examine les comptes, factures, et opérations fiscales de l'entreprise sur une période prescrite (généralement trois ans).
Si des irrégularités sont constatées, l'entreprise reçoit une proposition de rectification, par courrier recommandé. Ce document précise les redressements envisagés, leur fondement juridique, et les montants réclamés.
L'entreprise dispose de 30 jours pour répondre à cette proposition. Ce délai peut être prolongé de 30 jours sur demande motivée. L’absence de réponse vaut acceptation tacite.
Pour les PME, l’administration a l’obligation de répondre aux observations dans un délai de 60 jours, sous peine de considération favorable au contribuable.
Une fois les échanges terminés, l'administration met en recouvrement les sommes dues. Cela inclut les droits, les intérêts de retard, et éventuellement les amendes. Le recouvrement est effectué par le Pôle de Recouvrement Spécialisé.
Les autoentrepreneurs ne sont pas à l’abri d’un redressement fiscal. Bien que leur régime soit simplifié, ils restent soumis à l’obligation de déclaration et de paiement des impôts et cotisations sociales.
Les erreurs fréquentes incluent le dépassement des seuils de chiffre d’affaires sans changement de régime, l’omission de recettes, ou l’absence de déclaration à l’URSSAF. L’administration peut requalifier l’activité en "activité occulte" si aucun numéro SIRET n'est mentionné sur les factures, portant la prescription à 6 ans.
En cas de redressement, l'autoentrepreneur est personnellement responsable, ce qui peut impacter directement son patrimoine.
Un redressement fiscal entraîne systématiquement des pénalités et des intérêts de retard, calculés sur les sommes réclamées.
Les intérêts de retard s'élèvent à 0,20 % par mois. Les pénalités varient selon la gravité de l’irrégularité :
Ces montants peuvent être réduits si l’entreprise régularise spontanément sa situation avant toute intervention.
Certaines assurances professionnelles proposent des garanties en cas de redressement fiscal. Il peut s’agir de garanties incluses dans les contrats de responsabilité civile professionnelle ou d’options spécifiques.
Ces assurances prennent en charge les frais liés à la défense (avocat, fiscaliste, expert-comptable), mais pas les sommes réclamées par le fisc ni les amendes.
Elles sont particulièrement utiles pour les professions libérales, les indépendants ou les dirigeants de PME fortement exposés aux contrôles.
Une bonne prévention permet souvent d’éviter un redressement fiscal ou d’en atténuer les conséquences. Cela passe par des pratiques rigoureuses et un accompagnement adapté.
Tenir une comptabilité conforme est primordial. Chaque écriture comptable doit être justifiée, les factures correctement émises, et les déclarations faites dans les délais. L’externalisation à un expert-comptable est recommandée.
La mise en place de processus internes (facturation, archivage, suivi des seuils) et la réalisation d’audits fiscaux internes permettent d’anticiper d’éventuelles erreurs.
Lorsqu’une erreur est identifiée, il est préférable de la corriger sans attendre un contrôle. Cette initiative permet souvent de bénéficier de pénalités réduites, voire annulées.
En cas de contrôle ou de notification de redressement, l’intervention d’un fiscaliste permet d’assurer une défense efficace, de négocier les montants et de saisir les instances de médiation ou les juridictions si nécessaire.