En France, les problèmes de trésorerie touchent un grand nombre de TPE et PME. Ces difficultés de trésorerie peuvent vite conduire à des retards de paiement, des ruptures de stocks, voire à un risque de cessation d’activité. Comprendre leurs causes, savoir les anticiper et mettre en place des outils adaptés est essentiel pour maintenir la santé financière de l’entreprise.
Avant d’agir, il est essentiel de comprendre ce qui provoque les problèmes de trésorerie dans une TPE ou une PME. En réalité, plusieurs facteurs, souvent cumulatifs, fragilisent le cycle de trésorerie.
Les retards de paiement restent une cause majeure. En 2024, le délai moyen de règlement en France atteint 13,6 jours de retard, contre 13,4 au niveau européen. Pour les plus petites structures, ce chiffre grimpe à 14 jours. En cause, le comportement des grands donneurs d’ordre, dont une grande partie ne respecte pas les délais légaux. Ce décalage entre les encaissements attendus et les charges à honorer génère un effet de ciseaux qui accroît les tensions de trésorerie.
Depuis 2022, l’inflation pèse lourdement sur les coûts d’exploitation. Selon un sondage de BVA - American Express, les dépenses en énergie (électricité, gaz) ont progressé de +11 à +25 % pour les TPE-PME. À cela s’ajoutent les hausses de charges sociales, avec la revalorisation du SMIC et les coûts salariaux croissants. Lorsque ces coûts ne sont pas immédiatement répercutés sur les prix de vente, la trésorerie se retrouve sous pression.
Autre facteur aggravant : les difficultés d’accès au crédit bancaire. D’après une étude de la Banque de France, 22 % des petites entreprises font face à des refus ou des restrictions de financement. Faute de trésorerie disponible ou de lignes de crédit suffisantes, l’entreprise est incapable de lisser ses besoins financiers sur plusieurs mois.
Enfin, l’environnement commercial lui-même joue un rôle. Près de 60 % des dirigeants interrogés par Bpifrance pointent une demande client insuffisante. Une baisse d’activité réduit mécaniquement les rentrées de trésorerie et fragilise le fonds de roulement.
Anticiper les difficultés de trésorerie repose sur une organisation rigoureuse. Il ne s’agit pas uniquement de surveiller son solde bancaire, mais de piloter une véritable stratégie financière.
L’outil de base pour tout dirigeant est le tableau de trésorerie prévisionnelle. Ce document dynamique permet de visualiser les flux attendus sur les prochains mois. Il doit être mis à jour régulièrement (au minimum chaque semaine), en intégrant les scénarios pessimistes (perte d’un gros client, hausse des coûts) et optimistes. Cela permet d’anticiper les périodes de tension et de préparer les solutions à l’avance.
La réduction des retards passe par une politique active de gestion des paiements. Relancer les clients de manière systématique, proposer des incitations au paiement rapide (escompte), et ne pas hésiter à appliquer les pénalités de retard légales sont des pratiques efficaces. De même, une gestion rigoureuse des créances permet de réduire l’accumulation d’impayés.
Côté dépenses, il est important de négocier des conditions de paiement avantageuses avec ses fournisseurs. Obtenir des délais plus longs ou un échelonnement des règlements permet de lisser les décaissements. Il est aussi utile de revoir régulièrement ses contrats d’approvisionnement pour s’assurer qu’ils restent adaptés aux capacités financières de l’entreprise.
La Gestion Électronique de Documents (GED) est un outil qui, bien qu’indirect, peut jouer un rôle important dans la prévention des problèmes de trésorerie. Bien utilisée, elle améliore la réactivité financière de l’entreprise.
Une GED bien intégrée au processus comptable permet de générer et d’envoyer plus rapidement les factures. En automatisant leur émission, on réduit les délais d’envoi et on évite les erreurs ou oublis qui ralentiraient les encaissements. Un cycle de facturation plus court permet de sécuriser les flux de trésorerie.
Grâce à une centralisation numérique des documents, les relances clients sont facilitées. Le dirigeant ou le comptable accède instantanément aux informations nécessaires : dates d’échéance, historique des relances, statut des paiements. Ce suivi renforcé aide à réduire les retards et à fluidifier les entrées de trésorerie.
Enfin, grâce à des workflows qui automatisent les tâches administratives liées à la gestion documentaire, la GED libère du temps que le dirigeant peut consacrer au pilotage de sa trésorerie. C’est un outil complémentaire : il ne remplace pas les leviers financiers ni la gestion prévisionnelle, mais en augmente l’efficacité.
Pour consolider sa trésorerie, il est indispensable de mobiliser tous les leviers financiers disponibles.
Au-delà du crédit bancaire classique, d’autres solutions existent : l’affacturage (cession de créances), les lignes de trésorerie à court terme, ou encore le recours au Prêt Garanti par l’État (PGE), qui offre jusqu’à 90 % de garantie sur les crédits. En cas de difficulté, la médiation du crédit peut aussi permettre de débloquer des solutions temporaires.
La maîtrise des coûts structurels est également un axe clé. Réduire les dépenses énergétiques, revoir les abonnements inutilisés, adapter les effectifs ou externaliser certaines tâches peut générer des économies immédiates. Cela permet de renforcer la trésorerie disponible pour les besoins prioritaires.